Montpeyroux est une fierté régionale, voire nationale puisque le site est classé parmi « les Plus Beaux Villages de France ».
Il s’agit d’un village haut perché (460m) sur une butte, surplombant un
panorama verdoyant et lumineux en cette fin de printemps. C’est un
endroit idéal pour la culture de la vigne, le soleil tournant tout
autour des coteaux abondamment plantés.
Une fois de plus, comme pour les autres balades, nous croisons les
doigts pour que le ciel nous préserve des nuages chassés par un vent
modéré mais bien présent. Lorsque nous arrivons à destination, le soleil
est au rendez-vous, chacun s’affaire à installer les joëlettes ; notre
guide attend, très patiente, pensant peut-être que cette équipe, tout de
même très bruyante, ne sait pas trop comment « être efficace ».
Krystina qui pilote la journée, papillonne d’un groupe à l’autre, tentant désespérément de discipliner ses troupes…
Las ! Autant cracher contre le vent, Manu l’a bien compris… et comme le vent, il y en a…
Enfin les 5 joëlettes sont opérationnelles, la joyeuse troupe se met en marche.
Le haut village est dominé par une tour (au sud -est) datant du XIème
siècle, vestige d’une forteresse avec des rues en anneaux reliées par
des escaliers, dont l’origine est mal connue. Cette disposition
particulière permet de raccourcir les trajets si l’on ne traîne pas de
matériel roulant. Les escaliers qui longent les maisons sont aussi un
lieu d’échanges des nouvelles et un moyen de trouver un peu d’ombre.
(Voir encadré « HISTORIQUE » pour la description plus détaillée de la visite).
Le soleil donne à plein sur les coteaux, la végétation fleurie court sur
toutes les façades exposées, renvoyant de belles couleurs fraîches à la
vue des promeneurs, dispersant des odeurs légères courant avec le vent.
En 1954, un architecte séduit par les lieux rachète une partie du
village dont l’habitat est fort dégradé ; il restaure une maison de
maître-vigneron (plan carré et toi à 4 pentes). La réussite est totale,
et bientôt une association se crée qui va favoriser la restauration de
tout le village, dans le respect des fonctions et usages locaux.
Nous faisons un arrêt au pied d’un de ces escaliers, accès typique pour
les ouvriers transportant les grands paniers pleins de raisins sur leur
dos. Le trajet était surnommé « la montée des bougnats », lesquels
empruntaient ce circuit, de même que les derniers tisserands (pour le
lin).
Pour compléter sa paye, le samedi, le paysan se faisait coiffeur…
Les divers lieux d’exploitation ont été fermés un peu avant 1914.
Rue des Pradets, une ancienne maison d’ouvrier vigneron construite tout
en hauteur. Outre le gain de place, c’est aussi faire le distinguo entre
la partie habitation – en haut, et le cuvage – en rez-de-chaussée.
Au 1er étage une pièce commune est ouverte sur un petit balcon protégé par un garde-corps en bois plus une chambre.
En bas, au niveau du cuvage, la pièce est fermée par une porte en bois
plein et/ou une porte à claire-voie de façon à préserver les habitants
des émanations de gaz carbonique produit par la fermentation des
raisins.
Pour faire le commerce du vin, les locaux utilisent les eaux de l’Allier
tout proche (à Coudes) : ils construisent des sapinières – barques
longues à fond plat, en bois de sapin. Le bois vient d’un peu plus au
nord, chargé à Paris ou ses environs. La voie empruntée est facile
lorsque le canal de Briare (1605/1642) entre en service qui permet de
rallier les affluents de la Seine. Sur quelques dizaines de kilomètres,
les barges sont tirées par des chevaux, des mules ou des bœufs sur les
chemins de halage.
Par mesure d’économie les mariniers redescendent de Paris … à pied,
laissant leur barque qui redescendra chargée de bois (sur la route,
entre autres, le bois de la forêt de Tronçais est sélectionné pour les
grands chantiers) ; ceci jusqu’au début du XIXème siècle, au moment de
l’arrivée du chemin de fer.
La promenade dans le village se poursuit : il y a tant de choses à voir.
Les jardins sont proches du village, distribués en terrasses – on y
remarque d’abord les vignes, puis plus bas les vergers, plus bas enfin
les cultures céréalières. Dans les jardins potagers, quelques fleurs en
colorent les bordures, à d’autres endroits des fleurs sauvages poussent
librement, comme la sarriette ou le sureau. Dans notre groupe toujours
avide de dégustation, les idées fusent, surtout celles de recettes qui
s’échangent bruyamment (voir recette dans l’encadré).
Des tourelles rondes courent tout au long de l’enceinte qui fut érigée
pendant le XIIème siècle par Philippe Auguste. Plusieurs villages de la
région sont construits sur ce modèle : ce sont les forts villageois.
Aujourd’hui, la tour est devenue patrimoine de l’Académie des Arts de Clermont-Ferrand.
Chaque année, au rez-de-chaussée et au premier niveau des expositions y sont organisées.
Notre visite s’achève devant l’église dédiée à Saint Bonnet, devenue
paroisse au XIXème siècle. Cette église fut construite à cette époque
par les carriers, dans un style néo-roman. Elle est la première qui
possède un chœur avec un large déambulatoire. A la croisée des
transepts, la couverture est une coupole. Les colonnes qui ornent les
piliers porteurs sont monolithiques (un seul bloc et non plusieurs
empilés) – comme dans l’église d’Aigueperse, reconstruite elle aussi au
XIXème siècle. Des sculptures furent découvertes représentant N.D. des
Rogations (XVIème – XVIIème siècles) et Saint Verny, patron des
vignerons. La Vierge est également appelée N.D. des Chais car elle fut
découverte dans la sacristie par… un vigneron !
La visite a passionné les promeneurs, devenus sages pour écouter les
descriptions de notre guide, mais chassez le naturel… vous connaissez la
suite !
Au galop donc, nous redescendons vers Coudes, sur les bords de l’Allier,
chez la maman de Florence. Il est 13 h 30, le soleil donne, donne,
donne vraiment. Rapidement une grande bâche est installée sur les
armatures qui peuvent recevoir cette protection indispensable. Nous
sommes très nombreux (40 convives), tout le monde ne se connaît pas,
Florence a lancé des invitations tous azimuts pour voir tout son monde
avant de repartir pour Nouméa. Elle a aussi soigné le menu. Son équipe
rapprochée a prévu tout en abondance : l’apéro se prolonge, le repas
itou, la chaleur crée la torpeur…
A un moment quasi silencieux, quelques-uns se rendent compte qu’il faut
songer à rentrer après avoir remis les lieux en état : il est 17 h 30…
Beaucoup ont prévu un repas léger léger pour le soir, ah bon ?
Evelyne C
Evelyne C