Un vent frais agite le feuillage
vert tendre, dense, alourdi par tant d’eau absorbée.
Il faut croire que, malgré le
pique-nique annulé, tous avaient hâte de faire cette visite, tout le monde
était là avec 1 heure d’avance voire plus…. On se retrouve à 22
participants, impatients de s’installer dans le petit train qui circule à
travers tout le cratère. Pour patienter,
deux salles de panneaux photos superbes de la chaîne des Puys. Avec
aussi des cartes, des croquis et textes explicatifs réalisés de façon très
pédagogique. Mais c’est surtout le petit train qui mobilise toute l’attention.
Le guide, homme jeune très
aguerri, mène son affaire avec dextérité : discours hyper rôdé et adapté
au public qu’il mène à rythme tout aussi maîtrisé. Quelques arrêts stratégiques
pour laisser aux visiteurs la possibilité de marcher quelques pas sur le site
et prendre quelques photos.
Les volcans de la chaîne des puys, au nombre de
80, se répartissent en 3 catégories :
- les volcans à cratère (cônes) qui produisent les scories ;
- les dômes au magma visqueux, qui donneront les bombes ;
- les maars issus de la fusion eau + magma. Ils sont devenus ce que nous dénommons « lacs de cratère ».
LES CONES
Le
volcan de Lemptégy a été « décapité » d’une hauteur de 80 mètres pour son
exploitation en carrière. Apparaît alors la (ou plus tard les) cheminée ou suc dans laquelle
s’écoulera la lave qui se refroidit,
devenant une roche très dure.
Le cratère se distingue comme un
cône rempli de scories : la pouzzolane,
roche légère, aérée (1,3 T/m3).
Dans les années 1940, juste après
guerre, nécessité de reconstruire le pays, on utilise la pouzzolane pour la
fabrication de parpaings, relativement légers (17 kg). Aujourd’hui, cette
roche légère parcourue d’alvéoles est considérée comme le meilleur filtre pour
l’eau, retenant les impuretés.
Longtemps et peut-être encore
aujourd’hui ces scories ont constitué un excellent isolant sous les dalles des
habitations. De même, durant les hivers rigoureux et enneigés, la pouzzolane
était répandue sur les chaussées, en alternance avec le sel, pour éviter des
glissades dangereuses.
Le petit train déambule par
« cercles concentriques » en longeant d’abord les parois extérieures
sur lesquelles des couches successives sont très visibles : selon leur
nature, elles se distinguent par leur couleur, notamment les trachytes, de teinte beige clair. Les
Romains l’utilisaient pour leur habitat et la fabrication des sarcophages – ce
qui, en grec, signifie pierre blanche. Les mœurs du temps attribuaient alors la
couleur blanche au deuil.
Nous faisons quelques arrêts pour
observer les volcans, qu’ils soient en forme de cônes ou de dômes. Au passage,
nous saluons donc :
-
le Grand Sarcoui (tiré du mot sarcophage) ;
-
le puy des Goules (dans l’ancien français,
signifiait « rond », la gorge des femmes évoluant vers une image du
sein !) ;
-
le puy des Gouttes (en sa partie haute, une
source de plus de 30 000 ans) ;
-
le puy de la Chopine (dit bien ce que son nom
exprime).
L’explosion
du Puy de la Chopine fut sans doute l’une des plus énormes, comparable en sa
puissance - disent les volcanologues - à celle de la bombe d’Hiroshima, bien
humaine celle-là. Les cendres de son explosion ont été retrouvées jusqu’en
Suisse, dans le lac de Constance !
Continuons
l’observation.
Sur ces couches claires de trachytes, ça
et là apparaissent des « points noirs ». Ce sont en fait les traces
du charbon de bois qui s’écoulait en « lignes », plus ou moins
espacées, et que nous voyons en coupe (la section, de face).
Au-dessus des trachytes, c’est la terre
actuelle qui recouvre cette ultime couche. Au-dessous, la terre avec ses
sédiments, tassés par le temps, et au plus profond, les scories. Cette
superposition enrichit considérablement cette terre noire propice à la culture.
La nuée
ardente (coulée de lave) passe par des rivières formant alors une coulée de
boue que l’on retrouve jusqu’à Marsat ! Cette coulée menant à ce village
permet de détecter une présence humaine remontant à 10 000 ans sur le
site.
LES DOMES
La chaîne alpine s’est considérablement étirée, jusque sur notre région créant une grande faille - celle de la Limagne. Cet effondrement, subi à une température de 1500° se mélange au sédiment existant et va former le magma d’où vont émerger les volcans. Le tracé de la chaîne des puys reprend rigoureusement la suite de toutes les explosions le long de la coulée du magma.
Une caractéristique de la chaîne :
une seule éruption produit un volcan (volcans dits monogéniques), en chaîne.
Inévitablement on évoque le Puy de Dôme (1465 m) érigé il y a 35
millions d’années.
« Les volcans sont tous éteints mais
la chaîne n’est qu’endormie » précise le guide. Qu’est-ce à dire ?
Cela signifie que la chaîne peut encore s’étirer. Cinq sismomètres surveillent
les tremblements de terre bien présents, mais de faible amplitude – propagés
par les ondes sismiques.
Le petit train rejoint bientôt les premiers
cercles autour des cheminées. Des cheminées ? En effet, à quelques
milliers d’années, une deuxième explosion vit l’éruption d’un volcan plus
petit, quasiment au même endroit.
En 1980, les exploitants découvrent en
creusant, l’existence d’une deuxième cheminée : Lemptégy était cloné en
quelque sorte. D’où Lemptégy 1 et Lemptégy 2, doté pour le premier de scories
noires, pour le second de scories rouges.
[Les
scories noires n’ont pas été chauffées par le magma alors que ce fut le cas
pour les scories rouges. Chauffées à plus de 600°, on détecte la présence de
fer (ce qui donne la coloration rouge)].
A l’issue du 2ème conflit
mondial, l’exploitation de ce qui devient une carrière se fait manuellement, à
la pioche ! ! Bien vite, dans les années 50, de gros engins
permettront d’obtenir un fort rendement, avec des excavatrices et des chaînes
de tri des scories selon leur diamètre, donc sélectionné pour les besoins de
l’industrie.
La France est alors en pleine
reconstruction, notamment dans les villes de Normandie qui ont le plus
souffert. Rouen sera entièrement reconstruite avec le précieux matériau issu de
nos volcans.
LES MAARS
A quelque distance de la Chaîne, on peut repérer, en Limagne notamment, les restes de sucs (anciennes cheminées) formant des monticules. Pour peu qu’ils soient situés sur le passage d’une rivière, ils donneront les lacs de cratère, le Gour de Tazenat étant situé le plus au nord, et de nombreux autres au sud, davantage regroupés (Chambon, Servières, Guéry…).
La visite se termine par la projection
d’un film en 4D et « à sensations » (les fauteuils bougent, légères
aspersions d’eau, chaleur…) à propos de la formation des volcans d’Auvergne.
Dans une autre salle, un autre film « La cheminée », plus
démonstratif s’il en est, reprend le même principe, de façon plus prononcée.
Après les secousses, dans le petit train
puis dans les salles de projection (dans tous les sens du terme !), la
dernière séquence est attendue… Celle de Krystina ! Avec un savoureux clafoutis de
cerises, du jardin d’Eric !
Mais le site va fermer à 18 h, nous
venons de sortir. Alors nous sommes gentiment priés d’aller voir et nous
restaurer ailleurs…
Nous nous rendons au grand espace parking
du Col des Goules pour profiter du soleil et du réconfort de nos estomacs qui
en ont engrangé d’autres !
Evelyne
...........................
C’était une sortie placée sous un
risque élevée d’averses, ce 11 juin. En effet en ce mois particulièrement
pluvieux, peu de temps était accordé aux éclaircies. Daniel, qui avait préparé
la sortie, avait reçu plusieurs annulations motivées par cette météo
déprimante ; aussi, lorsque nous
nous retrouvâmes sur le parking du site, tout un chacun était armé de
parapluies et d’impers pour faire face à une averse dûment annoncée. Il faisait
frais et l’endroit étant particulièrement venteux, une fois tous les
participants réunis, nous ne tardâmes pas à rentrer dans les locaux, parfaitement adaptés à l’handicap
et précédés d’une cour où alternaient les toilettes pour valides et PMR.
L’intérieur était divisé en deux
parties distinctes : d’un côté s’étendait une boutique pour touristes
désireux de partir avec un souvenir et enfants en mal de peluches ; de l’autre,
de grandes photos de différents puys de la chaîne accueillaient les visiteurs
le long d’un parcours balisé de toutes les particularités scientifiques liées
aux volcans. Bien sûr beaucoup étaient ciblées sur les curiosités de Lemptégy
mais leur but était visiblement la vulgarisation scientifique, dans ce qu’elle
a de meilleur, au profit de la curiosité du visiteur lambda. En effet, les
phénomènes les plus compliqués étaient expliqués en termes simples, présentés
de façon agréable voire ludique : le souci évident de ceux qui avaient
crée cette exposition était d’instruire sans ennuyer…Et le but était
atteint !
Nous passâmes un bon moment dans
cet endroit à photographier les pierres et autres « bombes » tout en
s’interpellant les uns les autres avec des « As-tu vu ceci ? »
ou « Eh ! Viens voir ça ! »
Au bout d’un moment une jeune
femme vint nous avertir qu’il était temps de nous préparer à monter dans le petit train pour
faire une visite du volcan de Lemptégy. Les jolies petites filles de François
sautèrent de joie à l’idée de monter dans cette attraction pour un tour de
manège inédit. Pour ma part, je craignais que leur joie ne soit déçue par un
parcours qui, pour être instructif risquait de se révéler ennuyeux pour deux
enfants.
La montée dans le petit train
m’angoissait un peu : allait-on rentrer facilement ? L’assise
serait-elle confortable ? Les
personnes en fauteuil seraient-elles installées correctement ? Les
organisateurs tentaient de nous calmer avec des sourires tout en canalisant la
sortie « HandiLettante » vers un wagon qui nous était réservé. Quant
à moi, je m’inquiétais de mon fauteuil resté sur le quai ouvert à une averse.
« Ne vous inquiétez pas » me dit une jolie jeune femme, « on
s’en occupe ». Bien que peu rassurée, je l’avoue, je m’installais sur des
banquettes qui, Ô surprise agréable !, étaient rembourrées dans ce petit
train équipé de fenêtres qui, si elles n’endiguaient pas les courants d’air,
arrêteraient sûrement le gros de l’averse attendue. Quant aux cahots
inévitables, ils étaient considérablement amortis par les gros pneus dont
étaient équipées les roues.
Et le petit train partit !
Le conducteur était un
spécialiste des volcans. Sa voix cordiale et claire était relayée par des hauts
parleurs dans tout le train, aussi nous l’entendions comme s’il était près de
nous (sauf quand certains se mettaient à discuter entre eux très fort :
leurs voix court-circuitaient alors celle de l’animateur). Ses commentaires ne
manquaient pas d’humour ; il arrêtait régulièrement le véhicule pour nous
laisser le loisir de lui poser des questions ou pour nous montrer une curiosité
gagnant à être observée de plus près. Souvent plusieurs personnes (voire
parfois tout le train) descendaient au cours de ces escales afin de
photographier paysage et amis dans ce curieux décor lunaire. A mon grand
plaisir, les enfants ne s’ennuyaient pas du tout ; l’originalité de
l’endroit parlant à leur imagination, les petites filles cueillaient des
fougères pour leurs dinosaures et ramassaient des pierres pour leur collection !
Lorsque la fin de la balade
s’annonça, je regrettais que le temps ait passé si vite mais il restait encore
une « animation » celle du film en 3D. Après avoir récupéré mon
fauteuil (qui avait été plié et mis à
l’abri) nous nous dirigeâmes dans un grand hall où de petits films sur les
hauts lieux touristiques de l’Auvergne étaient proposés en 3D. Il s’agissait en
fait de nous faire patienter agréablement le temps que la première séance se
termine car la salle de cinéma n’était pas assez grande pour accueillir un
grand nombre de spectateurs. Un bon quart d’heure plus tard, nous pûmes prendre
place, bien avertis par Colline et Camille que « ça faisait
peur ! ».
Non, mes petites chéries, cela ne
faisait pas peur aux « grands » que nous étions. Cela avait encore
l’avantage d’être instructifs mais, pour ma part, n’apportait rien de nouveau
aux commentaires déjà partagés. En outre je préférais de loin l’intelligence
brillante et argumentée de notre spécialiste « es » volcans. Mais
nous comprenions tous que les parcs d’attractions d’aujourd’hui doivent se
contraindre à cet aspect « disneyland » afin de remplir leurs carnets
de visite : il en va de leur survie ! Mais si elle n’apportait rien
de plus, cette animation n’était en rien déplaisante. En outre, nous avons
constaté avec plaisir que des places marquées du sigle de l’handicap étaient
réservées en premier plan.
Une autre animation, dite de la
« bombe explosive » était proposée mais interdite aux personnes en
fauteuil. Nous ne la regrettâmes pas du tout et c’est sur une placette, en se
dorant au doux soleil déclinant, que nous attendîmes les joyeux gamins qui
voulurent s’y frotter.
Au sortir de ce dernier
« manège », le Park fermait ses portes. Nous rejoignîmes donc les
voitures et Krystina ordonna à chacun des chauffeurs de s’arrêter sur le
parking des Goules. Là une large table de pique-nique nous attendait. Krystina
put étaler ses deux caisses magiques qui lui permettaient (tenez-vous bien) de
nous offrir (parmi bien d’autres boissons) un thé au lait ou un chocolat chaud.
En pleine nature ! Une magicienne, notre Krystina ! Elle sortit
également un grand plat rempli d’un clafoutis fait avec les cerises du jardin
de notre cher Eric. Ahhh, Eric ! Elles étaient bien bonnes, les cerises de
ton jardin cuisinées avec amour par notre Krystina !
Colline et Camille nous offrirent
une dernière exposition, sur la table débarrassée, dans un agréable soleil
couchant : celle de leurs pierres précieuses et de leurs bouquets de
fougères où se cachaient leurs petits dinosaures. C’est sur leurs beaux
sourires que s’arrêta cette belle journée car il était déjà presque 19h !
Et l’averse, me direz-vous ?
Elle a fui devant la bonne humeur d’HandiLettante, bien sûr, puisqu’elle a
brillé par son absence!!!
Frédérique Marty.