11 juin 2016 - Lemptegy

              Jamais incertitude météo n’avait posé pareille hésitation : quoi ? En juin, on est encore en pull et imperméable ?
               Un vent frais agite le feuillage vert tendre, dense, alourdi par tant d’eau absorbée.
              
               Il faut croire que, malgré le pique-nique annulé, tous avaient hâte de faire cette visite, tout le monde était là avec 1 heure d’avance voire plus….  On se retrouve à 22 participants, impatients de s’installer dans le petit train qui circule à travers tout le cratère. Pour patienter,  deux salles de panneaux photos superbes de la chaîne des Puys. Avec aussi des cartes, des croquis et textes explicatifs réalisés de façon très pédagogique. Mais c’est surtout le petit train qui mobilise toute l’attention.

               Le guide, homme jeune très aguerri, mène son affaire avec dextérité : discours hyper rôdé et adapté au public qu’il mène à rythme tout aussi maîtrisé. Quelques arrêts stratégiques pour laisser aux visiteurs la possibilité de marcher quelques pas sur le site et prendre quelques photos.

Les volcans de la chaîne des puys, au nombre de 80, se répartissent en 3 catégories :
  • les volcans à cratère (cônes) qui produisent les scories ;
  • les dômes au magma visqueux, qui donneront les bombes ;
  • les maars issus de la fusion eau + magma. Ils sont devenus ce que nous dénommons « lacs de cratère ».

LES CONES

               Le volcan de Lemptégy a été « décapité » d’une hauteur de 80 mètres pour son exploitation en carrière. Apparaît alors la (ou plus tard les) cheminée ou suc dans laquelle s’écoulera la lave qui se refroidit, devenant une roche très dure.

               Le cratère se distingue comme un cône rempli de scories : la pouzzolane, roche légère, aérée (1,3 T/m3).
               Dans les années 1940, juste après guerre, nécessité de reconstruire le pays, on utilise la pouzzolane pour la fabrication de parpaings, relativement légers (17 kg). Aujourd’hui, cette roche légère parcourue d’alvéoles est considérée comme le meilleur filtre pour l’eau, retenant les impuretés.

               Longtemps et peut-être encore aujourd’hui ces scories ont constitué un excellent isolant sous les dalles des habitations. De même, durant les hivers rigoureux et enneigés, la pouzzolane était répandue sur les chaussées, en alternance avec le sel, pour éviter des glissades dangereuses.

               Le petit train déambule par « cercles concentriques » en longeant d’abord les parois extérieures sur lesquelles des couches successives sont très visibles : selon leur nature, elles se distinguent par leur couleur, notamment les trachytes, de teinte beige clair. Les Romains l’utilisaient pour leur habitat et la fabrication des sarcophages – ce qui, en grec, signifie pierre blanche. Les mœurs du temps attribuaient alors la couleur blanche au deuil.

               Nous faisons quelques arrêts pour observer les volcans, qu’ils soient en forme de cônes ou de dômes. Au passage, nous saluons donc :
-        le Grand Sarcoui (tiré du mot sarcophage) ;
-        le puy des Goules (dans l’ancien français, signifiait « rond », la gorge des femmes évoluant vers une image du sein !) ;
-        le puy des Gouttes (en sa partie haute, une source de plus de 30 000 ans) ;
-        le puy de la Chopine (dit bien ce que son nom exprime).

L’explosion du Puy de la Chopine fut sans doute l’une des plus énormes, comparable en sa puissance - disent les volcanologues - à celle de la bombe d’Hiroshima, bien humaine celle-là. Les cendres de son explosion ont été retrouvées jusqu’en Suisse, dans le lac de Constance !

Continuons l’observation.
       Sur ces couches claires de trachytes, ça et là apparaissent des « points noirs ». Ce sont en fait les traces du charbon de bois qui s’écoulait en « lignes », plus ou moins espacées, et que nous voyons en coupe (la section, de face).

       Au-dessus des trachytes, c’est la terre actuelle qui recouvre cette ultime couche. Au-dessous, la terre avec ses sédiments, tassés par le temps, et au plus profond, les scories. Cette superposition enrichit considérablement cette terre noire propice à la culture.

       La nuée ardente (coulée de lave) passe par des rivières formant alors une coulée de boue que l’on retrouve jusqu’à Marsat ! Cette coulée menant à ce village permet de détecter une présence humaine remontant à 10 000 ans sur le site.


       LES DOMES 
        
        La chaîne alpine s’est considérablement étirée, jusque sur notre région créant une grande faille - celle de la Limagne. Cet effondrement, subi à une température de 1500° se mélange au sédiment existant et va former le magma d’où vont émerger les volcans. Le tracé de la chaîne des puys reprend rigoureusement la suite de toutes les explosions le long de la coulée du magma.
       Une caractéristique de la chaîne : une seule éruption produit un volcan (volcans dits monogéniques), en chaîne.

       Inévitablement on évoque le Puy de Dôme (1465 m) érigé il y a 35 millions d’années.

       « Les volcans sont tous éteints mais la chaîne n’est qu’endormie » précise le guide. Qu’est-ce à dire ? Cela signifie que la chaîne peut encore s’étirer. Cinq sismomètres surveillent les tremblements de terre bien présents, mais de faible amplitude – propagés par les ondes sismiques.

       Le petit train rejoint bientôt les premiers cercles autour des cheminées. Des cheminées ? En effet, à quelques milliers d’années, une deuxième explosion vit l’éruption d’un volcan plus petit, quasiment au même endroit.

       En 1980, les exploitants découvrent en creusant, l’existence d’une deuxième cheminée : Lemptégy était cloné en quelque sorte. D’où Lemptégy 1 et Lemptégy 2, doté pour le premier de scories noires, pour le second de scories rouges.
[Les scories noires n’ont pas été chauffées par le magma alors que ce fut le cas pour les scories rouges. Chauffées à plus de 600°, on détecte la présence de fer (ce qui donne la coloration rouge)].

       A l’issue du 2ème conflit mondial, l’exploitation de ce qui devient une carrière se fait manuellement, à la pioche ! ! Bien vite, dans les années 50, de gros engins permettront d’obtenir un fort rendement, avec des excavatrices et des chaînes de tri des scories selon leur diamètre, donc sélectionné pour les besoins de l’industrie.
       La France est alors en pleine reconstruction, notamment dans les villes de Normandie qui ont le plus souffert. Rouen sera entièrement reconstruite avec le précieux matériau issu de nos volcans.


       LES MAARS

      A quelque distance de la Chaîne, on peut repérer, en Limagne notamment, les restes de sucs (anciennes cheminées) formant des monticules. Pour peu qu’ils soient situés sur le passage d’une rivière, ils donneront les lacs de cratère, le Gour de Tazenat étant situé le plus au nord, et de nombreux autres au sud, davantage regroupés (Chambon, Servières, Guéry…).

       La visite se termine par la projection d’un film en 4D et « à sensations » (les fauteuils bougent, légères aspersions d’eau, chaleur…) à propos de la formation des volcans d’Auvergne. Dans une autre salle, un autre film « La cheminée », plus démonstratif s’il en est, reprend le même principe, de façon plus prononcée.

       Après les secousses, dans le petit train puis dans les salles de projection (dans tous les sens du terme !), la dernière séquence est attendue… Celle de Krystina ! Avec un savoureux clafoutis de cerises, du jardin d’Eric !
       Mais le site va fermer à 18 h, nous venons de sortir. Alors nous sommes gentiment priés d’aller voir et nous restaurer ailleurs…

       Nous nous rendons au grand espace parking du Col des Goules pour profiter du soleil et du réconfort de nos estomacs qui en ont engrangé d’autres !
               
Evelyne

...........................

C’était une sortie placée sous un risque élevée d’averses, ce 11 juin. En effet en ce mois particulièrement pluvieux, peu de temps était accordé aux éclaircies. Daniel, qui avait préparé la sortie, avait reçu plusieurs annulations motivées par cette météo déprimante ; aussi,  lorsque nous nous retrouvâmes sur le parking du site, tout un chacun était armé de parapluies et d’impers pour faire face à une averse dûment annoncée. Il faisait frais et l’endroit étant particulièrement venteux, une fois tous les participants réunis, nous ne tardâmes pas à rentrer dans  les locaux, parfaitement adaptés à l’handicap et précédés d’une cour où alternaient les toilettes pour valides et PMR.
L’intérieur était divisé en deux parties distinctes : d’un côté s’étendait une boutique pour touristes désireux de partir avec un souvenir et enfants en mal de peluches ; de l’autre, de grandes photos de différents puys de la chaîne accueillaient les visiteurs le long d’un parcours balisé de toutes les particularités scientifiques liées aux volcans. Bien sûr beaucoup étaient ciblées sur les curiosités de Lemptégy mais leur but était visiblement la vulgarisation scientifique, dans ce qu’elle a de meilleur, au profit de la curiosité du visiteur lambda. En effet, les phénomènes les plus compliqués étaient expliqués en termes simples, présentés de façon agréable voire ludique : le souci évident de ceux qui avaient crée cette exposition était d’instruire sans ennuyer…Et le but était atteint !
Nous passâmes un bon moment dans cet endroit à photographier les pierres et autres « bombes » tout en s’interpellant les uns les autres avec des « As-tu vu ceci ? » ou « Eh ! Viens voir ça ! »
Au bout d’un moment une jeune femme vint nous avertir qu’il était temps de nous  préparer à monter dans le petit train pour faire une visite du volcan de Lemptégy. Les jolies petites filles de François sautèrent de joie à l’idée de monter dans cette attraction pour un tour de manège inédit. Pour ma part, je craignais que leur joie ne soit déçue par un parcours qui, pour être instructif risquait de se révéler ennuyeux pour deux enfants.
La montée dans le petit train m’angoissait un peu : allait-on rentrer facilement ? L’assise serait-elle confortable ?  Les personnes en fauteuil seraient-elles installées correctement ? Les organisateurs tentaient de nous calmer avec des sourires tout en canalisant la sortie « HandiLettante » vers un wagon qui nous était réservé. Quant à moi, je m’inquiétais de mon fauteuil resté sur le quai ouvert à une averse. « Ne vous inquiétez pas » me dit une jolie jeune femme, « on s’en occupe ». Bien que peu rassurée, je l’avoue, je m’installais sur des banquettes qui, Ô surprise agréable !, étaient rembourrées dans ce petit train équipé de fenêtres qui, si elles n’endiguaient pas les courants d’air, arrêteraient sûrement le gros de l’averse attendue. Quant aux cahots inévitables, ils étaient considérablement amortis par les gros pneus dont étaient équipées les roues.
Et le petit train partit !
Le conducteur était un spécialiste des volcans. Sa voix cordiale et claire était relayée par des hauts parleurs dans tout le train, aussi nous l’entendions comme s’il était près de nous (sauf quand certains se mettaient à discuter entre eux très fort : leurs voix court-circuitaient alors celle de l’animateur). Ses commentaires ne manquaient pas d’humour ; il arrêtait régulièrement le véhicule pour nous laisser le loisir de lui poser des questions ou pour nous montrer une curiosité gagnant à être observée de plus près. Souvent plusieurs personnes (voire parfois tout le train) descendaient au cours de ces escales afin de photographier paysage et amis dans ce curieux décor lunaire. A mon grand plaisir, les enfants ne s’ennuyaient pas du tout ; l’originalité de l’endroit parlant à leur imagination, les petites filles cueillaient des fougères pour leurs dinosaures et ramassaient des pierres pour leur collection !
Lorsque la fin de la balade s’annonça, je regrettais que le temps ait passé si vite mais il restait encore une « animation » celle du film en 3D. Après avoir récupéré mon fauteuil  (qui avait été plié et mis à l’abri) nous nous dirigeâmes dans un grand hall où de petits films sur les hauts lieux touristiques de l’Auvergne étaient proposés en 3D. Il s’agissait en fait de nous faire patienter agréablement le temps que la première séance se termine car la salle de cinéma n’était pas assez grande pour accueillir un grand nombre de spectateurs. Un bon quart d’heure plus tard, nous pûmes prendre place, bien avertis par Colline et Camille que « ça faisait peur ! ».
Non, mes petites chéries, cela ne faisait pas peur aux « grands » que nous étions. Cela avait encore l’avantage d’être instructifs mais, pour ma part, n’apportait rien de nouveau aux commentaires déjà partagés. En outre je préférais de loin l’intelligence brillante et argumentée de notre spécialiste « es » volcans. Mais nous comprenions tous que les parcs d’attractions d’aujourd’hui doivent se contraindre à cet aspect « disneyland » afin de remplir leurs carnets de visite : il en va de leur survie ! Mais si elle n’apportait rien de plus, cette animation n’était en rien déplaisante. En outre, nous avons constaté avec plaisir que des places marquées du sigle de l’handicap étaient réservées en premier plan.
Une autre animation, dite de la « bombe explosive » était proposée mais interdite aux personnes en fauteuil. Nous ne la regrettâmes pas du tout et c’est sur une placette, en se dorant au doux soleil déclinant, que nous attendîmes les joyeux gamins qui voulurent s’y frotter.
Au sortir de ce dernier « manège », le Park fermait ses portes. Nous rejoignîmes donc les voitures et Krystina ordonna à chacun des chauffeurs de s’arrêter sur le parking des Goules. Là une large table de pique-nique nous attendait. Krystina put étaler ses deux caisses magiques qui lui permettaient (tenez-vous bien) de nous offrir (parmi bien d’autres boissons) un thé au lait ou un chocolat chaud. En pleine nature ! Une magicienne, notre Krystina ! Elle sortit également un grand plat rempli d’un clafoutis fait avec les cerises du jardin de notre cher Eric. Ahhh, Eric ! Elles étaient bien bonnes, les cerises de ton jardin cuisinées avec amour par notre Krystina !
Colline et Camille nous offrirent une dernière exposition, sur la table débarrassée, dans un agréable soleil couchant : celle de leurs pierres précieuses et de leurs bouquets de fougères où se cachaient leurs petits dinosaures. C’est sur leurs beaux sourires que s’arrêta cette belle journée car il était déjà presque 19h !
Et l’averse, me direz-vous ? Elle a fui devant la bonne humeur d’HandiLettante, bien sûr, puisqu’elle a brillé par son absence!!!

Frédérique Marty.

4 Juin 2016 - VISITE DE LA SAUVETAT.


C’est un petit village au sourire printanier
Assis dans la Limagne, au pied du Puy Corent,
Là, une commanderie des Hospitaliers
Eleva un fort, voici plus de sept cents ans.

Une dame : étole corail et regard bleu
Nous attend sur la place où chante la fontaine.
La clématite file en élan broussailleux
Cacher un vieux balcon de ses fleurs souveraines.

Ici la protection se nomme religion
Et tout être retrouve la sécurité.
Ici la loi des hommes est une interdiction
C’est aussi pour cela qu’il se nomme « sauveté ».

Après la tour carrée, le château, la chapelle
Le fort est enrichi de lignes de remparts
Architecture défensive exceptionnelle
Evitée par les guerres, les fous et les barbares.

Un immense donjon toise de son vieil âge
Ces jeunes visiteurs curieux de son allure :
Le quartier, militaire, protégeait des blessures
Sa chère population par son fier assemblage.
 
Ils sont des religieux, paysans, vignerons,
Leur vie nous apparaît car nous la devinons
Dans des rues minuscules par leur étroitesse,
Où règnent des rosiers aux parfums d’allégresse.

Une église étourdie a perdu son Orient
Mais conserve en son sein, pure comme un diamant,
Une vierge à l’enfant, posée en majesté :
D’or et d’adoration, tous deux sont enrobés.

Le chant de la fontaine, comme un gai sablier,
Nous enjoint tout bientôt à quitter Sauvetat.
Car nous sommes attendus en face de l’Allier
Dans un joyeux jardin bordé de népétas.

Ici que des amis, des rires, des gourmandises,
Des tables trop nombreuses qui échappent au barnum,
Des petits cabriolent, des adultes devisent :
Des photos du bonheur à remplir un album.

Frédérique Marty 04/06/2016