Tout est radieux en ce mardi 16 août 2016 : le soleil que l’on souhaite très présent ne faillit pas à sa tâche ; Sa Majesté le Puy-de-Dôme tout en rondeurs accueille le ballet des parapentistes ; le « Panoramique des Dômes » qui avale les nombreux touristes dont nous faisons partie. Des enfants très excités à l’idée de monter dans le « crain ». « Le voilà ! Il arrive, tchou, tchou ! » lance un petit gamin de 4 ans à peine. Rires…
La scène est bien en place, les
adhérents de HandiLettante aussi ; ils sont arrivés de bonne heure et
bonne humeur. Des enfants et petits-enfants de nos adhérents sont venus se
greffer à l’ensemble (en réglant leur propre visite), se montrant tout aussi
passionnés à travers leurs observations rafraîchissantes. Cette journée a pu se
mettre en place grâce à une subvention du Conseil départemental qui prenait en
charge le transport des personnes handicapées et leurs accompagnateurs ainsi
que la prestation de notre guide.
Le train à crémaillère démarre,
spectacle de la nature « grand écran » à travers feuillus et
conifères tout en bas, se dénudant au fur et à mesure de l’ascension.
Vinciane, jeune guide de moyenne
montagne vient vers nous avec un large sourire. C’est elle qui va nous conter
et commenter notre environnement.
LES SENTIERS
Début de notre parcours pédestre : pas facile de
rouler sur les sentiers n’ayant aucun aménagement ! ! Efforts
supplémentaires ! Un fauteuil n’est pas une joëlette !
Un 1er arrêt devant la statue
de roche volcanique d’Eugène Renaux qui, le premier, fait le trajet en avion
Paris-Puy-de-Dôme en… 5 h 10’
Le
défi, lancé par les frères Michelin (André et Édouard), était de réaliser ce
vol en moins de 6 heures. Le 7 mars 1911, à 14 h 23’, le biplan se pose sur le
Puy-de-Dôme, exactement là où est érigée la stèle qui honore l’exploit.
Signalons qu’une étape à Nevers fut nécessaire pour le ravitaillement en
carburant.
La promenade se poursuit sur les
pentes herbues, parsemées de fleurs caractéristiques de moyenne montagne :
les épilobes roses, le millepertuis jaune-orangé dont une des qualités est
d’adoucir les brûlures diverses, y compris les coups de soleil !
Les prairies pentues sont
entretenues par les moutons durant la saison touristique : de mai à
octobre, un berger parcourt les dômes, grands et petits, à la tête d’un
troupeau de 1500 bêtes, assurant ainsi la maîtrise (écologique !) d’une
profusion anarchique d’arbustes, impossible à contenir autrement.
HISTOIRE ET GÉOLOGIE
Le
puy de Dôme est un volcan mono génique (un seul épisode éruptif donne un seul
volcan) en sommeil depuis environ 11 000 ans[]. Il est constitué de deux blocs
de trachyte
emboîtés, fruits de deux éruptions successives espacées de quelques centaines d'années.
La roche est de nature granitique.
Depuis
son sommet, on distingue parfaitement les zones des coulées de lave occupées
aujourd’hui par des forêts de feuillus - les chaires. Ces coulées proviennent
de l’explosion des volcans, eux-mêmes issus du choc des plaques tectoniques
d’Europe et d’Afrique provoquant plissements et failles des Alpes et du Massif
Central. Ces événements se situant environ de 2 à 11 millions d’années selon
les zones.
La dernière explosion sur la planète
remonte à 1982, au Mont Sainte-Hélène, aux États-Unis. Une coulée gigantesque
nommée « nuit ardente » se répand sur les pentes du volcan, brûlant
instantanément tout sur son passage. Des bûcherons travaillant à plus de 20 km de là furent brûlés au
niveau de leurs voies respiratoires.
Beaucoup de vulcanologues ont péri
du fait des trop grands risques pris en longeant les cratères. Malgré les
grondements des gaz, passionnés qu’ils sont, ils y restent, jusqu’aux dernières
limites, se faisant « surprendre » par l’éruption.
Des observations ont montré que la
vitesse de la descente de la lave pouvait atteindre 60 km/h (ce qui fut le cas
pour le puy de la Vache et son jumeau le puy de Lassolas).
Les éruptions donnent en retombant
des cônes ou des dômes de scories (voir texte « Lemptégy » pour leurs
différenciations) très sensibles à l’érosion : aujourd’hui, sur le puy du Pariou,
des escaliers ont été aménagés pour canaliser la fréquentation des touristes
qui, très nombreux, endommagent ses pentes.
Tournés vers les 4 points cardinaux, nous pouvions voir :
·
vers le sud les
Monts du Cantal (le Sancy 1886
m, le Plomb 1855 m et les monts Dore) couverts de
végétation. Sur les coulées, des forêts de hêtres ont poussé. Leurs feuilles
étaient utilisées pour la confection de matelas, changées tous les ans. Puis, l’homme
a planté des épicéas – les pétières.
Le plateau de Gergovie (744 m), célèbre pour la
victoire de Vercingétorix sur les troupes de Jules César (en 52 av. J.C.) fut,
de 1995 à 2013, le théâtre d’une belle manifestation d’automne très populaire
avec une foultitude de cerfs-volants.
·
A l’est, les
monts du Forez, propices à l’agriculture alors qu’à l’ouest c’est l’élevage qui
prédomine.
·
Au nord, la
chaîne des Puys constituée de 80 à 100 volcans alignés. Au pied du puy de Dôme,
la ville de Clermont-Ferrand (380 à 420 m d’altitude) avec la cathédrale édifiée au
point culminant. La pierre est issue de la coulée de lave de la Nugère, pierre
taillée dans les ateliers de Volvic.
·
A l’ouest le
Pariou et le puy de Côme.
AU SOMMET DU PUY DE DOME
En 1648, Blaise Pascal fit ses expériences concernant la
pression atmosphérique (pesanteur de l’air) démontrant que selon l’altitude
celle-ci était différente.
En 1673, poursuivant les travaux de
Pascal, Émile Allard fonde le premier laboratoire de météorologie de montagne
associé à l’observatoire de physique.
Lors des fouilles pour la
construction de ce laboratoire, celles-ci révèlent la présence d’un ancien
temple. Cet emplacement faisait partie d’un circuit des voies romaines
d’Agrippa qui allaient de Lyon à Saintes (Vendée). Aujourd’hui, complètement mises au jour, elles
font l’objet d’un projet ambitieux : reconstituer le temple.
De l’influence des Romains, très
étendue sur toutes les rives du pourtour méditerranéen, des légendes se mirent
à proliférer. L’une d’elle, d’origine auvergnate, veut qu’au moment du solstice
d’été, lors des nuits de pleine lune, on sacrifiait des poules pour plaire aux
dieux afin qu’ils accordent leurs faveurs pour la fertilité et la prospérité
des lieux.
DE NOS JOURS
Les volcans sont aujourd’hui une
cause de conflits d’intérêts : le sommet du Pariou appartient au Conseil
départemental, les pentes à des privés. Idem pour le Sarcoui et le Côme, ce
dernier réunissant plus de 100 propriétaires de parcelles. Certains
propriétaires ignorent parfois leur héritage…
En 1956, l’antenne de TDF
(télévision de France) fut implantée au sommet (d’une hauteur de 73 mètres) de
l’observatoire.
Ce lieu est aussi idéal pour la
pratique du parapente : de très nombreux adeptes viennent pratiquer, des
baptêmes de l’air sont proposés. Par beau temps, les parapentistes affluent et
donnent à voir au public présent un superbe ballet de voiles de toutes les
couleurs.
Depuis 2007, la France concourt pour que la Chaîne des
Puys et de la faille de la Limagne soient inscrites sur la liste du patrimoine
mondial de l’UNESCO.
Par deux fois, la demande essuya un refus :
- La première pour cause d’erreur de classification.
- La deuxième pour cause d’exploitation commerciale locale de la roche (carrière de pouzzolane).
Malgré l’avis favorable de la
communauté scientifique, le Comité n’est pas revenu sur son refus.
Le puy de Dôme est l’un des lieux les plus fréquentés
d’Auvergne avec près d’un demi-million de visiteurs par an.
Cette classification au patrimoine apporterait, il est
vrai, affluence de subventions (peut-être ?) et de touristes
(sûrement !). Pour la conservation de ce patrimoine naturel en bon état,
est-ce réellement souhaitable ?
Redescendre les
quelques centaines de mètres par le « Panoramique des Dômes » et
contempler le panorama sous une lumière plus douce, ce fut l’ultime plaisir de
tous, suivi des embrassades, et déjà en attente d’un prochain périple.