22 mars 2014 - Visite guidée du vieux Montferrand

Le vent soufflait ce 22 mars là quand nous nous sommes retrouvés devant le Musée Roger Quilliot pour faire une visite du vieux Montferrand en compagnie de M. André Collin, président de l'association  Montferrand renaissance.
Certes il était froid ce vent, mais également vivifiant pour notre curiosité, notre  désir de savoir et de réveiller tous les fantômes qui nous attendaient là…et ils étaient nombreux !
Nous apprîmes d’abord comment, ce qui paraissait être une condamnation à la pauvreté de Montferrand - le rattachement à Clermont - fût finalement ce qui permît de sauver cet îlot médiéval , puisque les urbanistes, privilégiant Clermont,  délaissèrent le lieu qui s’endormît dans un silence de conte de fées.
En effet, l’érudition de M.Collin  réveille devant nos yeux décillés du quotidien, la ville médiévale du 13ème siècle qu’était Montferrand.
D’abord les rues ! Non, elles n’étaient pas aussi raides : elles étaient IMPRATICABLES !  De véritables  chemins bourbeux et rocailleux dont toutes les différences de niveau gênaient les chalands lors des nombreux marchés qui enrichissaient la ville. Décision fut alors prise pour le bien des affaires de les creuser, les drainer, les niveler pour les rendre droites et pratiques : le visage de la ville en fût totalement changée. Apparurent alors en rez de chaussée les portes des caves naguère souterraines. Les portes d’entrées desservaient désormais des étages qu’il fallait dés lors munir d’escaliers et de balcons. C’est ce visage que nous connaissons aujourd’hui, accompagné de ses pavements anciens et de ses portes cloutées.
Mais le guide nous montre également l’humour et l’orgueil des Montferrandais d’autrefois.
Ici un notable a voulu impressionner le passant en décorant sa maison d’une peinture d’« oliphant » !! La Maison de l’Oliphant remontant au 13ème siècle est donc romane et si la représentation de l’oliphant en question n’est pas vraiment fidèle à celle de l’animal, c’est que les artistes de l’époque devaient plus  rapprocher l’éléphant des animaux fantastiques que d’une réalité.
L’imagination est d’ailleurs reine dans les décorations des maisons. Partout, un univers merveilleux fait de créatures imaginaires est mêlé à la réalité : Anges et femmes se côtoient sur les tympans, chevaliers et griffons défendent les maisons des mauvais esprits, les centaures des deux sexes entourent les représentations chrétiennes.
Ce mélange émeut, comme s’il nous disait l’innocente et naïve représentation du monde de nos ancêtres, avec ses espérances et ses terreurs. Mais il est également d’une beauté troublante : la lumière s’y attache toujours de façon significative et  les  cours intérieures du 15ème  et 16ème siècles sont stupéfiantes d’un art et d’une magnificence perdus.  Les maisons de l’Ange et de la Licorne (véritable chef d’œuvre malheureusement parti aux Etats-Unis) nous parlent d’un imaginaire tellement proche du quotidien qu’il en devient réel. Souvenons-nous qu’à l’époque, une statue sacrée représentait la divinité elle-même…
L’humour est également très présent dans cet univers  à la fois humain et étranger. Ainsi l « la maison de l’Apothicaire » avec son patient tendant « le fondement » à un clystère nous donne l’écho d’un rire bien rabelaisien !
Nous nous sommes séparés de M. Collin devant les anciens remparts de Montferrand, récemment remis à jour et restaurés. Cet amoureux de Montferrand ne voulait pas nous laisser partir sans nous montrer ces fondations ressorties de terre comme des Phoenix proclamant l’éternité de sa ville bien-aimée.
Nous avons compris, M. Collin, et pour parodier nos cousins Québécois, nous proclamerons désormais dans nos discussions sur Montferrand : « Nous n’oublions pas !!! »

Frédérique M.