Nous nous sommes retrouvés sur le Chemin des Médecins, près de l’arrivée du funiculaire, prêts à braver vent et pluie, pour une immersion dans la nature. Comme d’habitude, et en respectant les directives sanitaires, nous avons tiré notre repas du sac et échangé un doux moment de convivialité au soleil. Malgré les incertitudes de la météo, le temps s’est voulu clément : vent et fraîcheur certains, mais rien n'arrête la fine équipe de néophytes en matière de bain… de forêt ! Céline Montéro, notre guide en sylvothérapie, nous a rejoint vers 14h pour guider nos pas et nos fauteuils roulants, pour une déambulation sur 1 à 2 kms.
Mais pour vous faire partager ce moment empli de bienfaits, il faut vous conter « l’appel de la Forêt »...
Nous allions être surpris de la proposition de Céline ; surpris et mis parfaitement à l'aise tout à la fois. En empruntant le chemin, elle nous a proposé de prendre conscience du lieu, en éveillant tous nos sens : tout au long du parcours elle sollicitera la vue, l’odorat, l’ouïe, le toucher et le goût de chacun.
|
Offrandes personnelles à la forêt
|
Avant tout, il nous faut au départ saisir un objet de notre choix, pour l’offrir à la Forêt en nous présentant à elle. Telle à l'entrée d'une ville, une porte - au look mi-western mi-pagode – tient lieu d'entrée officielle dans la forêt. Laquelle sera saluée et remerciée pour son accueil, avec le dépôt par chacun à ses montants d'un objet de la nature (pomme de pin, pierre, écorce moussue…) qui lui aura plu.
Je me laisse guidée et rentre dans le jeu avec plaisir.
Peu à peu la vie de la forêt nous rend plus humble : la présence des arbres qui bruissent au passage du vent, les odeurs qui flattent nos narines, les couleurs qui s’offrent à voir et guident nos pas.Céline nous invitera ensuite à découvrir ce que tous nos sens peuvent capturer des bienfaits de cette fréquentation bienvenue. A chaque étape, une expérience qui dure plusieurs minutes, et à sa suite, ceux qui le souhaitent, peuvent exprimer leur ressenti ou leur "rien senti".
Céline nous invite à faire une pause d’abord en imaginant que nous sommes un arbre, puis successivement dans deux spas qui nous offrent une assise pour mieux admirer la canopée et nous laisser envahir des essences que la nature nous offre.
|
Le spa du "bain de forêt" : une façon de s'immerger dans les sensations de la canopée.
|
Nous échangeons sur nos ressentis. Nous mettons un brin de poésie. Je refuse d’expérimenter la découverte des lieux en aveugle. Les yeux bandés je trouve mes compagnons hardis de se priver de la vue pour que le toucher seul les informe sur ce qui les entoure. Pour ma part je ne sais pas lever les pieds sans les voir. Ils me trahissent trop souvent et me font chuter. Je reste donc dans mon fauteuil-roulant.
|
Communion sylvestre
|
Un peu plus loin, Céline nous demande d’observer les arbres qui nous entourent, et d’aller auprès de celui qui nous attire, pour échanger avec lui.
J’ai déjà trouvé mon arbre préféré, il m’a sauté aux yeux avant même qu’elle nous fasse cette proposition : il est devant moi, étêté, certaines branches déjà sèches, mais encore en vie, bien enraciné. Il me ressemble : un peu cassés de partout, la tête un peu bousculée, plantés là au milieu de nos congénères, bien décidés de profiter de ce que la vie peut encore nous offrir, en s’accrochant à cette terre qui nous a donné vie, emplis de la volonté de se tenir dressés pour voir la beauté du ciel.
|
Comment entendre chanter les arbres
|
Outre les sens du toucher, de la vue, de l'odorat, de l'ouïe, la plus surprenante et agréable découverte fut sans conteste l'expérience des ondes émises par un jeune plan d'épicéa qui s'était installé là : après que Céline eut fixé une électrode dans le sol sur une de ses racines et une autre sur une fine branche de la cime, tous observant un silence absolu et concentré, c'est la pause d'un appareil d'où doivent nous parvenir des sons (interprétation en notes de musique), "vibrations" de ce qu'émet ce tout jeune arbre, la sève en étant le vecteur.
Et ça marche !
Après quelques minutes, selon des rythmes plus ou moins rapides, plus ou moins sonores, nous entendons des allées et venues de musique vraiment concrète : tout le monde est scotché, ou si l'on préfère aimanté !
Sur proposition de Céline, une expérience d'applaudissements de salut à l'arbre pourrait nous indiquer comment l'arbrisseau "recevait" notre compliment. C'est très simple : silence total ; l'appareil ne transmit plus rien et ne reprit ses émissions qu'après un long moment. Dirions-nous – au moins pour nous faire plaisir - que cet arbrisseau fut surpris et acquiesçait à nos applaudissements ?
Une infusion plus tard, composée de jeunes extrémités de résineux, au goût rappelant celui du romarin, ce fut avec ce goûter sur l'herbe et sur quelques racines que s'achevait notre après-midi qui, pour beaucoup, fut le partage d'une belle découverte. Non sans avoir offert une tasse de ce breuvage au pied du grand hêtre moussu sous lequel nous étions installés.
Bravo à Céline. Nous avons tous aimé cette immersion dans la forêt nous baignant de bien-être et de détente, connectés à la nature : un vrai « bain de forêt ! ».